Étant en train de réviser tous les testaments que j’ai photographié depuis 17 ans, kle texte que je viens de lire n’apporte rien de plus que ce que je connais si ce n’est que Mathieu Sabathier, le testateur est le père de Isaac Sabathier. Ce dernier est le fils aîné d’une fratrie qui compte trois individus. L’histoire n’a pas retenu la raison qu’ont eu Mathieu et la mère, Anne de Monnin, de prénommer deux de leurs enfants Izac. Le troisième portant le prénom de Jean.
La famille Sabathier s’est probablement convertie à la « religion prétendument réformée » durant la vie de Mathieu. Le texte est très clair là-dessus : « Il a recommandé son âme et mis dans les mains de Dieu le père tout puissant le suppliant humblement au nom et par le sang précieux de son fils unique. (…) Lui vouloir lui pardonner tous ses péchés et recevoir son âme en son royaume céleste du paradis comptant au nombre de ses fidèles et loué que ladite âme sera séparée de son corps et sera enseveli dans le cimetière de la religion prétendue réformée de laquelle il fait profession » (suite…)
Comment acheter une maison et devoir payer une rente aux prêtres de sa paroisse, toute sa vie ! C’est ce que nous allons voir dans le texte ci-dessous. Imaginez-vous, au XXIe siècle, acheter votre maison et devoir en plus une somme d’argent à un individu qui n’a rien à voir avec la maison ! C’est l’aventure qui est arrivée au sieur Vital Broqueville, sieur d’Empiroy.
Puisque je lis de manière systématique le notaire Ponsin, j’ai trouvé ce texte chez lui (1). Il s’agit d’un acte d’accord entre maître Gabriel Arquier, prêtre, docteur en théologie, recteur de la ville de Monfort et syndic des pauvres (2) qui a réussit à faire condamner Vital Broqueville devant le tribunal du sénéchal d’Armagnac. Ce dernier est basé à Lectoure.
L’acte en question est le rappel de l’affaire et les modalités de paiement pour Vital Broqueville. Les faits sont ceux-ci tel que décrit dans le texte : « pour raison d’une d’une rente annuelle de 22 sous 6 deniers provenant de la fondation de feu maître Jean Volte prêtre et établi sur une maison de la rue d’En Pardeilhan par feu Pierre Abadie dit Pey, possédé à présent par ledit sieur Broqueville« .
Trente-deux ans !
Ainsi donc, lorsque l’on achète une maison, les servitudes y sont incluses qui est de valoir la somme de 22 sous 6 deniers par an. Si l’on connaît le fractionnement des livres en sols on peut déterminer la date approximative d’achat de cette maison puisque Vital doit payer aussi les arriérés s’élevant à 36 livres.
Ci-dessous, le rapport entre la livre, le sou et le denier sous l’ancien régime. On voit alors que la terre a été achetée, il y a environ… 32 ans.
Vital a 22 ans au moment de cet acte daté du 12 juillet 1673. Or, Vital est né le 27 septembre 1651. Il a donc 22 ans. On sait que Vital a été émancipé très tôt au vu du décès de son père, Jean, en 1662 et de sa mère, Marguerite Dulaur, en 1667. L’acheteur est donc bien son père, celui-ci n’ayant jamais payé cette rente, ni sa mère du reste.
Dans la marge, un revirement
Dans la marge, le recteur Arquier revient sur les arrièrés de 36 livres. Je epnse que des personnes influentes ont du raisonner le recteur Arquier qui annule cette dette quelques semaines plus tard. Vital s’est engagé à payer cette somme, mais il faut reconnaître que pour un jeune homme de 22 ans, il est difficile de découvrir une telle dette que son paternel aurait du payer annuellement. Par contre, il s’engage a payer à la « fête de Notre-Dame d’Août » chaque année la somme de 22 sous 6 deniers.
Ce qui est étonnant, en vieux français, il est écrit le mot « cancellation » pour annulation. Était-ce un emprunt à l’anglais de l’époque, une influence de la ville de Bordeaux, port de mer, longtemps dominée par les rois d’Angleterre ? Ce n’est pas la première fois que je vois ce mot dans les textes. Je n’ai jamais lu le mot « annulation ».
Géry de Broqueville
(1) Notaire Ponsin côte 3E8982 aux Archives départementale à Auch (24057-24060)
Nous découvrons à travers les textes notariaux les lieux de sépultures à Monfort comme l’église paroissiale Saint-Clément de Monfort et ses diverses chapelles ainsi que le porche, l’arrière de l’église, les alentours de la chapelle Saint-Blaise, la chapelle Saint-Roch aujourd’hui disparue, le grand cimetière, celui de l’hôpital Saint-Jean de Monfort…
Grâce au don de sépulture retrouvé chez le notaire Ponsin (1) daté du 17 janvier 1672, on peut imaginer que certains monfortois avaient la possibilité de se faire enterrer dans l’église paroissiale du hameau d’Esclignac. Ainsi, Alexandre Dubiloge, natif d’Esclignac mais habitant Monfort donne à maître François Libéros, recteur et prêtre de l’église paroissiale d’Esclignac, une sépulture intacte située au centre de l’église.
Quelques jours plus tard, le 7 février de la même année (2), le prêtre transmet sous forme de don de sépultures à la fratrie Dominique, Jean, Ramonde et Bertrande Vignes enfants de feu Jean Vignes, le droit de se faire enterrer dans cette sépulture se trouvant à l’intérieur de l’église paroissiale d’Esclignac. La famille Vignes vit à Monfort mais est paroissienne de l’église d’Esclignac.
Un coup de gueule dans le vide ?
Cette sépulture ne concerne pas ma famille, mais je prends prétexte d’avoir découvert ce lieu de sépulture pour dénoncer l’état pitoyable non seulement de cette église mais aussi, des bâtiments du hameau d’Esclignac composés de moultes bâtiments et non des moindres, le château.
Cet ensemble remarquable datant du XIe siècle est dans un état lamentable d’abandon par ses propriétaires actuels, une société familiale dont les frères Bogdanoff. Ces derniers ont certainement retrouvé leurs racines dans les étoiles tant les choses terrestres de les intéressent pas !
Le château d’Esclignac est l’ombre de lui-même. Je suis allé en 1975 le visiter. C’était une Ducos de la Hitte qui nous avait montré ce magnifique témoin du passé. Son état actuel est désespérant.
Je finis par croire que les Frères Bogdanoff trouvent un plaisir certains à voir s’effondrer à petit feu ce beau patrimoine. Ci-dessous (3), j’ai mis quelques articles qui montrent ce qui est entrepris au niveau des pouvoirs publics, c’est-à-dire, rien si ce n’est des visites de constatation avec, je suppose, aucune solution à la clé ! Il est clair que tant que ce château sera aux mains des Bogdanoff, personne ni aucune des institutions publiques ou privées ne voudra intervenir au profit de ces fossoyeurs de patrimoine ! Tout de même, certains essaient de sauver ce qui peut l’être, mais quand une association du patrimoine récolte de l’argent comme celle-ci… Que faire avec seulement 3000 euro alors qu’il en faut 1000 fois plus ?
Bien sûr, c’est un coup de gueule dans le vide intersidérale de la bêtise humaine alors que l’on voit l’unique plus vieux château du Gers s’effondrer petit à petit. Ce n’est pas la Mairie de Monfort qui fera quelque chose, elle qui a soumis à la pioche des démolisseurs la chapelle des comtes de la Hitte au cimetière de Monfort !
Géry de Broqueville
(1) Notaire Ponsin côte 3E8981 aux AD32 (23949-23950)
(2) Notaire Ponsin côte 3E8981 aux AD32 (23955-23957)
L’acte de mise en possession de la cure de Cadeilhan (1) pour maître Dominique Broqueville (2) est intéressant car il nous montre comment se déroulait le cérémonial de passation de possession d’une cure. (3) Ici il s’agit d’acter la démission de maître Dominique Broqueville de la cure de l’église Saint-Blaise de Brugnens (4) et de l’introniser, nouveau curé de l’église Saint-Orens de Cadeilhan. Dans ce cas-ci, il s’agit d’une permutation entre deux curés, avec la bénédiction de l’évêque de Lectoure.
Cette transmission de la cure de Brugnens par maître Dominique Broqueville, bachelier en théologie, prêtre et curé de Brugnens se fait devant notaire pour acter la prise de possession de celle de Cadeilhan. L’acte suivant est similaire et acte l’échange de cure entre anciennement celui de Cadeilhan qui devient curé de Brugnens.
A la fin du texte, le notaire indique le protocole de cette intronisation du nouveau curé de Cadeilhan : » (…) et avons pris ledit maître Broqueville par la main droite et fait entrer en ladite église, s’est mis à genoux et a fait la prière, nous lui avons fait baiser le maître autel et ensuite conduit à la fontaine baptismale et l’avons amené à sonner la cloche, lui ayant fait fermer la porte de l’église par l’entrée et sortie d’icelle par toutes les cérémonies et autres accoutumées avons mis le sieur Broqueville en la celle actuelle et corporelle possession de ladite cure Saint-Orens dudit Cadeilhan clôturant le présent acte de possession« .
Géry de Broqueville
(1) Cadeilhan est une commune française située dans le département du Gers en région Occitanie. Cadheilhan est limitrophe et situé au sud-est de Brugnens. L’église actuelle de Saint-Orens date de 1880. (2) Maître Dominique Broqueville est fils de Jean II Broqueville d’Endardé (1630-1705) et de Brigitte de Cotignon (1627-1697). Il est seigneur de Bigourdas. Plus d’informations en lisant l’article suivant en cliquant ici. (3) Notaire Marcassus coté 3E8885 aux AD32 (24570-24571) (4) Brugnens est situé sur la route entre Monfort et Fleurance.
Les fonts baptismaux de l’église paroissiale Saint-Clément de Monfort.
Parce qu’il s’agit bien de cela, une véritable cérémonie nous est décrite dans l’acte de mise en possession de la cure de Monfort par maître François Galtier, prêtre et vicaire de Saint-Jean l’évangéliste au diocèse de Saintes pour maître Pussay, prêtre et enlumineur de Paris.
Prendre possession de la cure, cela se fait d’abord devant le notaire Marcassus (1) et ensuite, une cérémonie de prise en possession « réelle, actuelle et corporelle » se déroule devant le notaire qui est le premier témoin privilégié. (suite…)
Dans l’acte qui suit (1), daté du 21 mars 1666, nous voyons la famille Castaigne qui règle les libéralités sur le même mode que la « dot » de leur fils Pierre qui veut s’engager dans la prêtrise. Pierre est fils de Jean Castaigne et de Jeanne Gimat. Ce couple va donner à leur fils une véritable dot pour lui permettre de s’installer et de continuer probablement ses études correctement.
Comme l’écriture du notaire est impeccable, il est beaucoup plus facile de lire le texte et d’en voir les détails. (suite…)