Jean-Joseph Bernard de Broqueville de Colomé (JJB) reçoit une donation de son oncle Bernard de Broqueville d’Endardé. Ce dernier est bien le parrain de baptême de Jean-Joseph. Nous avons d’ailleurs l’acte de baptême de JJB. (1) Cette donation est confirmée par un acte devant la justice de Mauvezin dont nous n’avons retrouvé que trois documents. (2)

Ces trois documents confirment l’acte de donation. Dans ces documents nous n’avons pas le descriptif des biens en question. Bernard de Broqueville se fait vieux. L’acte de donation est confirmé le 23 mars 1778 à Mauvezin. Il décèdera le 7 février 1780 à l’âge de 89 ans. Son épouse Marguerite Liberate de Vernhes (3) disparaît en 1767, soit 4 ans avant leur fille unique disparue à l’âge de 18 ans. Plus rien ne retient donc Bernard si ce n’est qu’il a encore son neveu et filleule. Il est probable que dans la donation, JJB s’engage à entretenir son vieil oncle. Ce dernier a eu une vie bien remplie. Il est possible aussi que JJB ait changé son nom après la donation pour reprendre celui d’Endardé.

Une vie bien remplie

Né et baptisé le 12 novembre 1690 fils de Louis Broqueville d’Endardé et de Marie-Jeanne de Solaville. Il a été tenu sur les fonds baptismaux par sa marraine Marie de Cotignon. Son acte de baptême signale qu’il n’a pas de parrain. Il est probable que son parrain qui devait se prénommé Bernard n’était pas présent à Monfort au même moment. Il faut reconnaître qu’il a été décidé de le baptiser le jour de sa naissance. Il est possible que l’on donne le prénom de Bernard en mémoire de ce fils né en 1668 et décédé l’année suivante, fils de Jean II Broqueville d’Endardé et de la marraine. Nul ne le sait…

Sieur d’Endardé, écuyer, lieutenant puis capitaine au Régiment de Brancas-Ancenis cavalerie. Il est dit dans plusieurs actes de 1758-1759 chez le notaire Dabrin qu’il est pensionnaire du Roi, Chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis. En 1730 dans un acte de donation de sa tante Jeanne de Broqueville, il est au grade de maréchal des logis de la compagnie du sieur de Saint-Marc au régiment de Luines cavalerie.

En 1755, il est dit écuyer dans l’acte de baptême de Jean Joseph Broqueville fils de son frère Jean-Baptiste. (21138) Il apparaît dans un acte entre Jean Silhères et lui chez le notaire Jean-François Dabrin en 1758. Il y est encore lieutenant de cavalerie. Il est d’ailleurs dit qu’il est chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. En 1758 et 1759, il est consul de la ville de Monfort.

Bernard est présent et signe en toute lettre « Bernard de Broqueville  d’Endardé» lors d’un baptême à Monfort le 23 mars 1763. Il signe de même quand il est présent à la publication des bans de mariage en la paroisse de Monfort le 16 avril 1765 lors d’un double mariage entre Pierre Dutaut et Jeanne Lacourt et le couple François Aragon et Jeanne de Rey. Une personne mal intentionnée s’est ingéniée à effacer le prénom de Bernard mais sa signature ne trompe pas.

Des changements de noms ?

Dans cette donation, il se présente comme Broqueville de Colomé. Plus tard et ses enfants porteront tous le nom de Broqueville d’Endardé. Le nom de Colomé est assorti à celui de son père Jean-Baptiste. Il était très probablement sieur de ce lieu-dit qui ne devait pas se situer à Monfort. En effet, depuis que je pratique les terriers, les cadastres de Monfort, ce lieu-dit n’y apparaît jamais. Il est étonnant tout de même, que Jean-Baptiste étant l’aîné de la famille prenne ce nom alors qu’il fait déjà partie de la branche des Endardé. Ses frères et sœurs portent tous le nom de cette branche.

Je sais qu’à cette époque les supplications étaient de mise quand une personne se trouvait face au bon vouloir de l’administration de l’époque. « A monsieur le juge royal du pays et de la vicomté de Fezensaguet, supplie humblement messire Jean Joseph Bernard de Broqueville de Colomé, ancien lieutenant d’infanterie dans le régiment de Rhodes, habitant de la ville de Monfort et venu exposé que par acte du 21 février dernier confirmé par un autre acte du 25 du même mois, reçu par maître Dayrem, notaire audit Monfort messire Bernard de Broqueville d’Endardé, ancien officier de cavalerie, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, pensionnaire du roi, oncle du précédent lui a fait donation de tous et chacun de ses biens et faites dans la supplique (illisible) de vingt et plus (…) »

Un brin d’humour, non ?

Parfois, je me demande si nous ne sommes pas dans la même situation lorsque l’on se trouve devant des fonctionnaires communaux ou régionaux pour qu’ils daignent nous répondre, alors que nous avons déposé un dossier, il y a déjà plusieurs mois… Je ne dirais pas autre temps, autres moeurs…

L’année 1778 est une grande année pour JJB puisqu’il convolera en juste noce avec Ursule Delherm de Larcène. Avait-il besoin d’autres biens pour faire bonne figure face à sa future épouse issue de la noblesse locale de Saint-Sauvy et Puycasquier ? En tout cas il a réussit à faire reconnaître cette donation quelques mois avant son mariage.

Géry de Broqueville

  1. « Le 27 août 1755 a été baptisé Jean Joseph Bernard de Broqueville fils naturel et légitime de Jean-Baptiste colomé de Broqueville écuyer, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis pensionnaire du roy, ancien capitaine au régiment d’Orléans infanterie et de Dame Jeanne Marguerite de Fraissé marié. Parrain Mr Bernard de Broqueville, écuyer et chevalier de l’ordre de Saint Louis, pensionné du roy, ancien lieutenant de cavalerie dans le régiment de Brancas. Marraine Dame Jeanne Vitrac de Michaëlis« 
  2. Justice Royale de Mauvezin côte 2B144 aux Archives départementales du Gers à Auch. (8921-8932)
  3. Elle est la fille de Pierre, Conseiller du roi, avocat au Parlement de Toulouse, Juge de Beaumont, coseigneur de Saint-Pessens.et de Marguerite de Morlan d’Asque