Un acte de notaire pour 30 livres

Un acte de notaire pour 30 livres

L’article précédent consacré aux héritages sous condition de collocation en mariage était monnaie courante. Voilà que je tombe sur une autre affaire qui concerne cette fois-ci Jeanne-Marguerite Broqueville (v.1614-1674) qui doit recevoir 30 livres de sa marraine. (1)

Effectivement, dans le testament de Marguerite Broqueville mariée à Jehan Montangier, décédée sans hoirs, il est dit que ses héritiers universels doivent la somme de 30 livres à sa filleule, Jeanne-Marguerite, quand elle se colloquera en mariage. Celle-ci se marie effectivement le 8 janvier 1629 avec Vital Dupuy, bourgeois de Tournecoupe, soit deux ans après le testament de sa marraine.

Ce sont les héritiers universels qui doivent se répartir cette somme de 30 livres. Ce sera donc Janotet et son frère Bernard qui devront payer. Mais ceux-ci veulent que les héritiers de Jehan Montangier participe aussi au paiement du legs. Ainsi, quatre personnes doivent payer chacun 8 livres, Janotet et Bernard couvrent le reste de la somme.

Apparemment tout le monde s’exécute pour le paiement de cette somme, en ce 8 janvier 1633, c’est-à-dire exactement 4 ans après le mariage de Jeanne-Marguerite. Si elle ne s’était pas manifestée auprès de ses deux oncles, elle n’aurait jamais reçu cette somme. Pour une fois, les deux oncles jouent la protection de leurs nièces en allant chercher l’argent dans d’autres poches. Et pour une fois, l’on ne voit pas Vital Dupuy intervenir dans l’affaire. Sa femme peut certainement se défendre toute seule.

Géry de Broqueville

(1) Notaire Mazars coté 3E8888 aux AD32 (24697-24699)

Se colloquer en mariage

Se colloquer en mariage

Dans bon nombre de testament, l’on voit que le testateur ou la testatrice lègue des biens à leurs enfants que si et seulement si, ils se colloquent en mariage. Cela cause généralement de gros problèmes que l’on retrouve des années plus tard, quand l’un ou l’autre se marie effectivement. Le beau-frère devient généralement la bête noire en revendiquant la part d’héritage.

Généralement, c’est l’aîné ou les garçons qui héritent de la majorité des biens, les filles n’ayant que leur composition dotale comme héritage avec parfois un peu plus de biens venant généralement de la mère voir de la grand-mère ou encore de la marraine, solidarité féminine oblige.

Cela amène des procès devant le sénéchal d’Armagnac siège de Lectoure ou de Mauvezin pour que la fille qui se colloque en mariage puisse récupérer des biens que les aînés ont en jouissance et qu’ils ne veulent pas rendre…

Dans un registre du notaire Labaule de 1637 (1) se trouve un de ces actes qui remets tout le monde d’accord. Cet acte est intitulé « Accord fait et passé entre Bernarde et Janet Carrette« .

Pour comprendre le texte qui parfois est difficilement lisible, je le retranscrit presque entièrement. Pour rappel, les « ?? » sont des mots illisibles à mes yeux de néophyte.

« Comme dit ainsi que feu Dominique Carrette marchand de Monfort par son dernier et valable testament du 24 janvier 1631 reçu par maître Antoine Bacalavie notaire de Sarran et codicille du 24 mai 1634 ayant institué ses hoirs Bernarde Carrette femme à Dominique Sentis marchand aussi dudit Monfort et Janet Carrette les filles de feue Jeanne Lanne et tout ?? sur les biens et ?? son décès en ?? volonté le 15 septembre 1635 a pour lequel décès ledit Sentis ayant fait les honneurs funèbres dudit Carrette et procédé à partage des biens meubles aux héritières Hélie Carrette femme de Bernard Lafargue marchand de Lectoure, Jeannette Carrette femme à Blaise Espiau marchand de Bannières (Tarn) et Anthonie Carrette femme à Jean Deleber marchand de Laveule (?) filles dudit feu Carrette et de feue Blasie Girou sa femme. En première noce aurait fourni quittance devant le sénéchal d’Armagnac siège de Lectoure en ladite juridiction de leur six cent et ?? ne se ne se contentant pas des ?? a icelle faite et ledit défunt ni d’égal contrat ?? ?? et codicille mais y ?? de leur ?? et conseil ayant été notifié par contrat du 17 juin 1636 reçu par Mazars notaire de Monfort présence ledit Sentis et Bernarde et Janet Carrette

Et premièrement ?? aurait présenté devant le sénéchal d’Armagnac siège de Lectoure et en adjudication de leurs ?? et légitimement ne se contentant pas des consignation à elle faites et ledit défunt ni égal ?? et codicille mais et ?? de leur ?? ?? ayant été ?? ?? le 17 juin 1636 reçu par Mazars notaire de Monfort ?? avec ledit Sentis et Bernard et Janet Carrette assisté de Janotet Broqueville marchant de la dite ville cousin de la dite Janet Carrette le prie et ledit Sentis la somme de 430 livres à chacune des ?? de Anthonie Carrette et 470 livres à ladite Janet Carrette.« 

J’arrête le texte ici car dans l’avant-dernière phrase se trouve un mot que j’ai eu un mal fou à déchiffrer et qui commence par un « C ». Selon le Terragon (2), le mot est « cousin ». Quand j’ai déchiffré ce texte, le 15 mars 2013, je ne comprenais pas ce lien de parenté entre Janotet Broqueville et les deux sœurs Carrette. Comme Janet est assistée par Janotet, ce dernier est évidemment très mal considéré par Bernarde qui est aussi sa cousine. J’avais commencé à écrire un article que j’avais laissé en suspens jusque maintenant.

En fait le cousinage est très simple. Janotet a pour épouse Guillaumette Lanne. De cette famille Lanne, je ne sais pas grand-chose. La seule supposition que je peux faire est que Guillaumette Lanne est la sœur de Jeanne, mère de Bernarde et de Janet. 

Se colloquer en mariage

Dans le testament de Dominique Carrette, du père de Janet, il est écrit spécifiquement que Janet ne pourra recevoir son legs que si elle se colloque en mariage. Le testament de sa mère semble indiqué la même chose. Dans aucun endroit du texte, l’on parle du mariage de Janet Carrette. Or La famille Carrette étant très riche puisque l’on parle de la somme de 2.100 livres que Janet doit recevoir à titre de legs, payable dans les plus brefs délais par la couple Bernarde et Dominique Sentis, l’on comprend que Janet ait passé l’affaire de ce legs devant la le tribunal de la sénéchaussée d’Armagnac pour régler ce différent. Il faut reconnaître que la somme est considérable sans compter la moitié des bijoux nuptiaux, des habits, des ustensiles de maison, du mobilier, etc.

Plus d’une fois, j’ai eu le pressentiment qu’il y avait un lien de parenté entre les Broqueville et Dominique Sentis. Il est donc là. Janotet et Dominique Sentis sont cousins ! Justice est finalement rendue à l’amiable. Janet recevra la somme de 1.100 livres dans une transaction, vu qu’elle n’est pas encore mariée. Voilà une affaire qui se termine bien grâce à la présence de Janotet.

Mais que la vie était dure pour les femmes qui ne se colloquaient pas en mariage !

Géry de Broqueville

(1) Notaire Labaule coté aux AD32 sous le numéro 3E8832 (12766-12769)

(2) Roland de Terragon, Écritures anciennes du XVe eu XVIIIe siècle.

Appointements d’audiences rendues par les consuls (bis)

Appointements d’audiences rendues par les consuls (bis)

Extrait

Extrait

Comme je prends les textes systématiquement, les uns après les autres et que je suis dans les références qui tournent autour des 11700, je n’ai pas pris en compte le texte suivant le 11789, c’est-à-dire le 11790. Or ce dernier texte est la continuité des 50 pages précédentes avec toute fois l’une ou l’autre pages irrémédiablement perdues. Nous avons ici 27 pages supplémentaires que nous avons aisément déchiffré. Aucun texte ne concerne les Broqueville, néanmoins, deux textes ont retenu mon attention.

Un premier texte qui concerne la descendance d’une des habitantes du château d’Esparbès à Monfort en l’occurrence il s’agit d’Anne de Rey. Dans le texte on découvre qui est son mari, un certain d’Hélies qui ont donné naissance à Marguerite d’Hélies qui a épousé un Gimat qui est dit sieur de Larroque. J’essaie donc toujours de reconstituer cette famille qui a été propriétaire du château pendant un temps. (1)

Voici en l’occurrence le texte :

« Nouvelle assignation (15 septembre 1683) de Jean Buzet greffier dudit contrôle et affirmation en l’élection de Lomagne habitant de la ville de Fleurance contre demoiselle Marguerite Deslie (d’Hélies) femme au sieur Larroque héritière de feue demoiselle Anne de Rey et de la Salle habitante dudit Monfort assignée par exploit du 28 août dernier signé Pona Bailli contrôle à Fleurance le 30 dudit mois par Dulong commis pour voir advenir le billet écrit et signé de ladite feue demoiselle Deslie que ledit Buzet à remis  détenu l’an 1683 courant prises en tous dépens et dommage et intérêt à quoi conclut et requiert que la ?? d’ycelle en soit fait (suite…)

Appointements d’audiences rendues par les consuls

Appointements d’audiences rendues par les consuls

Assignation de Jean Broqueville sieur d'Endardé.

Assignation de Jean Broqueville sieur d’Endardé.

Je viens de terminer la lecture de 50 pages bien écrites datées de 1682 et 1683. Ces pages montrent qu’en 300 ans, l’être humain n’a pas changé fondamentalement. Il peut toujours être mauvais payeur, radin, malhonnête, trompeur, etc. Le droit existe et règle la vie de tous les jours. Des habitants de Monfort ne respectent pas la loi, les juges sont là pour juger, les avocats pour défendre… Tout est en place pour rendre la justice. Les 50 pages regroupent les décisions de ce que l’on appelle en Belgique la justice de paix, c’est-à-dire la justice de proximité. Les affaires plus importantes sont parfois envoyées à Mauvezin voire même à Toulouse. Le juge s’entoure d’un lieutenant ou d’un commis. (suite…)