Déjà tout petit, je ne comprenais pas pourquoi le linge de la maison portaient des marques brodés en rouge. Pour moi, une serviette était une serviette. Visiblement chaque essuie, chaque drap avait sa place dans la maison.
Je dois reconnaître que cela se passait pas comme cela dans la maison de mon enfance. Mes parents nous racontaient que cela représentait une époque révolue. Eux-mêmes, d’ailleurs avaient connu cela quand ils étaient petits. C’était avant les années de guerre. Au vu de l’âge de mes parents, j’en conclu que cette affaire datait de l’entre-deux guerres, voire même avant.
Lors du rangement de feue ma mère, je suis tombé sur ces coins de linge qui m’avait interpellé, il y a bien longtemps déjà. Ces linges avaient une valeur familiale alors qu’ils étaient rangé pieusement probablement par les générations d’avant.
Linge avec broderies familiales
Le premier que j’ai découvert représente un C à l’envers et un à l’endroit avec le mot cuisine en dessous. Ce linge provient de mes deux arrières-grands-parents Cressac.Il est facile de retrouver ces deux CC qui ne sont autre que le mariage entre Henri de Cressac de Soleuvre (1869-1935) avec Marie-Antoinette de Cressac de Bachelerie (1874-1949). Ce linge provient probablement de leur maison de Poitiers.
Il en va de même pour ce linge qui lui porte le chiffre 37 ! J’ai du mal à imaginer qu’il y avait 37 voire plus de pièces ou chambres dans cette maison de Poitiers. Un autre porte le chiffre de 99 ! Ou bien il s’agit de celui de la demeure de la famille à La Touche située non loin de Marnay au sud de Poitiers. Ces chiffres restent un mystère pour moi. En tout cas en voyant la différence de qualité entre les deux essuies, il existait clairement une hiérarchie sociale dans les linges. Il est probable aussi que le C inversé est suivi par un petit B indique que nous avons bien affaire au couple Soleuvre-Bachelerie.
Directement en dessous de ce dernier linge, l’on voit un linge a valeur ajoutée. Le monogramme HC est celui d’Henri de Cressac.
Et les linges Broqueville ?
Dans la panoplie des linges, j’en ai retrouvé quelques uns en provenance de mon arrière-grand-père, le ministre, Charles de Broqueville. Il aimait bien porter son monogramme sommée d’une couronne de comte, L’on pourrait me dire que c’est du linge de maison de l’alliance Broqueville-Cressac, c’est à dire celui de jacques de Broqueville (1895-1968) et d’Alix ce Cressac (1895-1982). Ce n’est pas exact car des lettres aurait été inversée. Ici il s’agit bien d’un CB pour l’illustre ancêtre.
Il existe tout de même un linge qui porte le BC. Il s’agit donc d’un linge de mes grands-parents, Jacques et Alix de Cressac.
Un autre monogramme existe aussi, c’est celui du HB. Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un Henri, bien qu’il y en ait un dans la famille, mais bien du couple Broqueville-Huart. Le ministre avait une épouse appelée Berthe d’Huart (1864-1937). Il fallait tout de même des linges de table d’apparat quand on sait que le ministre recevait les membres du gouvernement en son château de Postel. Et ce n’est pas tout, il recevait aussi le Prince Charles de Belgique (1903-1983), futur régent (1944-1950).
Comme nous avons peu le voir, de simple morceau de tissus peuvent apporter leurs lots d’histoire… L’article suivant vous parlera du reste de ces rencontres entre divers personnages dans le château de Postel. Ces quelques morceaux ont réveillé en moi des envies de mieux vous parler de cette contrée située à quelques encablures des Pays-Bas.
Géry de Broqueville