En lisant un acte d’accord entre des cousins Broqueville-Lauzéro, je me souviens d’une histoire de murailles que j’avais déjà décelé chez un notaire, il y a quelques années. Ayant classé très bien toutes mes lectures de textes anciens, je suis très rapidement tombé sur le texte en question. Voici deux récits parallèles pour un même problème.
Prenons le texte que j’ai terminé de lire et qui est intitulé « Accord d’entre Raymond Lauzéro frères et Bernard Broqueville marchand » (1). Il s’agit effectivement d’un accord portant sur la réparation d’une muraille mitoyenne entre deux maisons sise Grand Rue dans l’enclos de Monfort. Le texte ne donne pas d’indication sur l’endroit exact de ces deux maisons.
Dès le début du texte on a les informations les plus importantes concernant le problème, les trois autres pages donnent des indications sur le type de réparation et qui prend quoi à sa charge. « Ce jour se sont constitués en leurs personnes maître Raymond Lauzéro procureur en la cour du parlement de Toulouse et Joseph Lauzéro connu à la garde des sceaux du parlement de Toulouse d’une part et Bernard Broqueville marchand dudit Monfort lesquels ont donné l’accord ?? ?? dans le différent qui les tient entre eux à cause de la muraille et se faisant la séparation de leur maison qu’ils ont dans l’enclos de la ville dans la grand rue en la forme qui causait préjudice que la muraille qui fait la séparation de la basse ?? des dits Lauzéro à l’arrière de la maison dudit Broqueville…«
Raymond et Joseph sont des neveux au deuxième degré de Bernard (ap.1565-entre 1649 et 1664). Les deux frères sont fils de François Lauzéro et de Blasie Broqueville d’Empiroy (+1668). Cette dernière est fille de Pierre (+1623) et de Marie Busquet (ap.1650). Bernard Broqueville est le fils de Joseph (+1616) et de Sibille Delau.
Une autre muraille
Si le texte ci-dessus date de 1632, on va faire un bon de 58 ans ce qui nous mène en 1690 et plus particulièrement le 23 mai. Voici un extrait de ce texte : « (…) comparu en personne demoiselle Françoise Sabathier femme, habitant dudit Monfort laquelle a requis la présence de Blasio Broqueville cohéritière substitués aux biens de feu Barthélémy Broqueville son frère quand vivait à laquelle a dictant ses paroles lui a dit et représenté qu’elle ne put pas ignorer qu’il ne lui ait requis diverses fois et à la veuve dudit Broqueville que la muraille de leurs maison qui donne dans la cour de ladite Sabathier de vouloir la faire accommoder attendu qu’elle menace ruine. A qui lui causerait un notable préjudice, c’est pourquoi ladite requérante que d’autant que depuis quelques jours partie de la muraille est tombée dans la cour de ladite Sabathier et lui aurait fait tomber établi couvert de tuile qui lui a causer grand préjudice et d’autant que le reste de la muraille est prête à tomber ladite comparante proteste contre ladite Broqueville de tous les dommages qu’elle en pourra souffrir et même de la perte qu’elle pourrait faire des tenants qu’elle pourrait perdre par l’écroulement de la dite muraille et des vols qu’elle pourra souffrir attendu qu’on peut entrer facilement dans la cour de leur maison avant, en ce qu’il n’habite point et qu’ils la laissent la plus grande partie du temps omettre (?) protestant de tous de pans dommages souffert et a souffrir et de tout ce qu’elle peut et doit protester lui déclarant qu’elle va se pourvoir en justice de quoi le requis du présent acte que lui a concéder et en présence de Dominique Marsan et Paul Sentis ?? habitant de ladite ville avec ladite Sabathier et moi » (2)
Ici, il n’y a aucun lien de parenté entre Françoise Sabathier et Blasio Broqueville (ap. 1638-1697). Celle-ci est dite sœur et héritière de Barthélémy. De ce fait elle est fille de Joseph (v. 1590-v. 1642)et de Judy de Boiber, petite fille de Janotet. Elle est mariée à Jean Lamic mais le texte ne parle pas de ce dernier. Est-il déjà décédé ? Françoise Sabathier porte plainte contre Blasio puisqu’elle est la sœur et cohéritière de Barthélémy décédé en 1687. Ce dernier a eu deux femmes Jeanne Lasserre décédée en 1683 et Jeanne Bernès, sans descendance. Celle-ci, depuis la mort de son mari ne vit plus sous le même toit bien qu’elle décèdera vers 1692. C’est donc naturellement que Françoise Sabathier se tourne contre la seule survivante de la fratrie de Barthélémy.
Voilà donc deux histoires de murailles entre des voisins qui doivent réparer les murs mitoyens. La première se termine par un accord à l’amiable, la deuxième par un procès probable, n’ayant pas encore retrouver un texte montrant que l’affaire s’est terminée dans la joie et la bonne humeur !
Géry de Broqueville
(1) Notaire Mazars, coté 3E8887 aux AD32 (24681-24984)
(2) Notaire Marcassus coté 3E8869 aux AD32 (24334-24335)