L’histoire familiale m’a fait comprendre que ma famille, au sortie de la révolution française, ne roulait pas sur l’or. La génération suivante peut entrer dans la catégorie de prêteur. C’est peut-être compréhensible à partir du moment où Jean Joseph Bernard de Broqueville (1755-1834) a eu d’une unique épouse, Ursule de Lherm de Larcène (1752-1817), 13 enfants. Nourrir tout ce petit monde ne devait pas être chose évidente durant de telle périodes troubles.
L’un de ces rejetons, mon ancêtre Charles Hubert de Broqueville (1785-1871), ancien lieutenant d’infanterie démissionnaire, qui a migré vers la Belgique, s’en est bigrement bien sorti quand je vois le nombre de fois qu’il prête de l’argent à plus pauvre que lui. Certes, nous sommes en 1863, il lui reste à vivre huit ans. Il est retourné vers sa chère bastide tant le soleil devait lui manquer, lui qui a vécu plusieurs années dans la froidure du pays d’Alost, plus particulièrement au château de Ghyseghem.
Ainsi donc, les prêts qu’il effectue, toujours devant notaire (1), sont octroyés à des propriétaires de biens. Tous les prêts sont garantis par des hypothèques sur les biens des emprunteurs, situés majoritairement à Monfort.
Charles de Broqueville prête ainsi des sommes variant entre 1000 et 2500 francs. La Révolution française est déjà bien loin pour ne plus entendre parler de bonne monnaie comme au XVIIe siècle. Tout de même, l’exception confirme la règle, puisque dans un acte, l’on voit Charles qui cherche à se faire rembourser en monnaie et non pas en « billet de banque ou papier monnaie de valeur fictive ». Comme quoi, il a fallu des années pour admettre que le billet de banque n’a pas qu’une valeur fictive !
Et tout le monde s’y met !
Ce qui est intéressant aussi de noter que le prêt est assorti d’un taux d’intérêt de 5%. C’est donc le taux du jour pour l’époque. Et puis il est loin le temps où l’on mesure les champs en concade, places et escats. Nous sommes dans la modernité des hectares, ares et centiares. De plus, Napoléon est passé par là puisque le notaire donne le numéro des parcelles cadastrales des biens hypothéqués.
D’ailleurs la sœur de Charles-Hubert, Agnès (1799-1880) agit de la même façon. Elle aussi prête de l’argent mais pour des sommes moins rondelettes tournant autour des 1000 francs. Pour compléter le tableau familial, Louis de Broqueville, officier de la Légion d’honneur, prête aussi de l’argent à différentes personnes de la juridiction de Monfort. C’est à travers ces textes que nous découvrons les signatures de Charles, Louis et Agnès, frères et sœurs. Louis Marie de Broqueville de Colomé (1784-1864) habite avec son épouse Marguerite Basilide d’Aspe (1803- ap. 1882), le château d’Esparbès. Ils n’ont pas eu d’enfants. Nous verrons d’ailleurs dans l’article suivant son testament.
Géry de Broqueville
(1) Notaire Louis Marcel Dossat côte 3E17724 aux AD32 (25564-25566)