par Géry de Broqueville | Juil 15, 2021 | Métier
Dans l’article précédent, consacré au pacte de mariage de Barthélémy Broqueville, je me suis demandé comment se déroulait habituellement l’apprentissage du métier de barbier chirurgien, ce métier assez particulier. Comment est-il possible d’associer l’art de la barbe à la chirurgie ?
Dans le contrat d’apprentissage signé entre Joseph Broqueville, père de Barthélémy et Jean Vaudaler, chirurgien de Monfort, il est dit que le rejeton de Joseph allait rester deux ans auprès de son maître pour lui apprendre l’art du barbier et tous les actes de chirurgie et ce y compris le saignement. (1) (suite…)
par Géry de Broqueville | Jan 30, 2020 | Artisanat, Broqueville d'Empiroy, Métier
Si vous avez bonne mémoire, il est évident que vous vous souvenez d’un autre article écrit sur les dates des foires de Monfort. Il y avait quatre dates de foire. Nous allons voir que les dates sont bien confirmée à l’exception de l’une d’entre-elle. Ici tout en parlant des affermes des taulage, boucherie et taverne, nous avons quelques précisions supplémentaires
Chez le notaire Ponsin, un beau texte (1), une fois de plus superbement écrit, nous donne la date de la foire de saint-Loup sans pour autant la nommé. Il s’agit de la date du 2 septembre hésitant entre deux dates du mois de septembre consacrée à deux saints.
Qui dit hésitation, dit choix de la mauvaise date, bien sûr (loi de la vexation universelle)… J’estimais que nous avions affaire à Loup de Lyon le 25 septembre et Loup de Sens le 1er septembre. J’ai choisi le premier, il fallait choisir le second ! Il s’agit bien de la date du début septembre.
Les consuls de Monfort que sont Vital Broqueville (premier consul) et Louis Ponsin, David Artigau et Bertrand Labriffe comme autres consuls, ont donné la date du 2 septembre pour la foire de Saint-Loup. Alors que la première source sur les foires parlait du bail pour les emplacements des marchands dans la foire, il s’agit maintenant d’un bail en afferme pour la taverne et l’hostellerie de Monfort. Jean Thore Labranche, le locataire loue le bien situé non loin de la porte du Dessus (vers Mauvezain) appartient à la communauté de Monfort. Il s’engage à accueillir les personnes de passage mais aussi les habitants bien logés et en observation des qualifications de police moyennant la somme de 63 livres payables en quatre fois aux dates des foires de Monfort.
En ce début d’année, tout y passe
Le texte qui précédait (2) celui-ci était un bail en afferme pour la boucherie de Monfort. Le paiement était immédiat pour une totalité de 80 livres. Le texte suivant (3) est un bail en afferme pour le taulage de la ville de Monfort qui est octroyé à l’un des consuls, c’est-à-dire Bertrand Labriffe. Ce dernier s’engage à payer en quatre fois, mais cette fois-ci le lendemain de la foire le saint-Blaise (4 février)… d’autres dates suivent et sont aléatoires ne dépendant pas de foires.
Ce qui est intéressant, c’est de voir que les consuls répartissent les paiements comme s’ils savaient quand ils auraient besoin de cet argent pour les dépenses habituelles de la communauté de Monfort. C’est une manière de toujours avoir de l’argent liquide à échéance déterminée à l’avance.
Géry de Broqueville
(1) Notaire Ponsin côte : 3E8984 aux AD32 (24107-24109)
(2) Notaire Ponsin côte : 3E8984 aux AD32 (24110-24111)
(3) Notaire Ponsin côte : 3E8984 aux AD32 (24111-24112)
par Géry de Broqueville | Nov 10, 2019 | Littérature, Métier, Monfort, Patrimoine
Un témoin présent dans un contrat de gasaille est « escolier », ce qui suppose qu’il fait ses études « secondaires » dans le collège de Monfort. Dans la bastide, une rue porte le nom de rue de l’école. On sait par ailleurs que Monfort possédait une école depuis le XVe siècle. Actuellement, il est très difficile de situer le bâtiment.
Le texte ne nous donne aucune autre indication si ce n’est que Jean Bourgade est « escolier ». En tant que lettré il signe comme témoin. Si j’ai découvert ce témoin, c’est juste parce que ce contrat de gasaille se réalise entre Blaise Broqueville bourgeois de Monfort et noble Samuel de Thomas, seigneur du Gerba. (1)
Le système d’enseignement en France au XVIIe siècle
En France, les jeunes enfants reçoivent l’enseignement dans des écoles. On ne connaît pas l’âge où l’on quitte l’école pour aller au collège. Le témoin, même s’il est « escolier », doit certainement plus âgé qu’un enfants. Un notaire ne le ferait pas signr avec un si jeune âge. Jean Bourgade est donc certainement au collège. Un élève du secondaire était « escolier » jusqu’en rhétorique. Après le collège il passe à l’université où il devient étudiant.
Nous savons cela grâce à un article publié dans la base de donnée « Persée » sur Internet qui donne des chiffres parfois fort précis concernant les collèges présents en France. Celui de Monfort n’est pas répertorié ce qui me fait penser qu’à Monfort, il n’y en a pas mais bien une école accueillant les enfants probablement jusqu’à l’âge de 12 ans.
Selon cet article, les collèges qui drainent les Monfortois sont basés à Auch où l’on dénombre en général environ 900 « escoliers » chaque année. Auch ratisse jusqu’à 40 km à la ronde ce qui inclut effectivement Monfort. Il est donc très probable que Jean Bourgade est de passage à Monfort étant basé à Auch pour suivre ses études. Ces collèges étaient en majorité dirigé par les Jésuites accueillant généralement les nobles. A Auch qui est une ville plus rurale, on compte une présence de 10 % de nobles le reste étant des hobereaux.
Dans la première moitié du XVIIe siècle, les familles veulent mettre leurs enfants à l’école pour mieux les armer dans la vie mais aussi pour les pousser à grimper socialement. Les écoles et les collèges croulent sous les demandes au point où certains s’inquiètent que certains métiers indispensables soient en pénurie : « Car la trop grande fréquence des collèges occasionne de quitter le commerce, l’exercice de l’agriculture, et autres arts nécessaires à la vie et société politique pour se précipiter aux escoles, sous l’espérance que chacun a d’accroistre et augmente sa condition, en portant une robbe plus longue que de l’ordinaire. » (2)
L’école étant gratuite, les couches les plus pauvres et laborieuses envoient leurs enfants dans les écoles et les collèges. Les métiers de nos Broqueville semblent devoir être relativiser quand on lit ce texte écrit en 1626 : » Je veux croire, enchaîne l’avis donné à Messieurs de l’Assemblée du Clergé, en 1627, que l’intention de ceux qui nous ont donné ce nombre effréné de collèges était bonne, mais l’expérience nous a fait voir que les effets en sont pernicieux. Premièrement, ils ont fait quantité de lettrés, peu de savants, et puis la facilité a fait que les moindres artisans et les plus pauvres laboureurs ont envoyé leurs enfants à ces écoles où on montre gratuitement, ce qui a tout ruiné : Quiconque a mis le nez dans les livres, dès l’heure s’est rendu incapable de toute vacation. Si, dans un bourg, quelqu’un a appris trois mots de latin, soudain, il ne paye plus la taille; il est procureur, syndic, ou tabellion, ou sergent et par ce moyen ruine ses voisins et chasse ses co-héritiers. » (3)
Un projet qui n’a pas vu le jour évoqué par le cardinal de Perron était de réduire le nombre de collèges à une douzaine pour toute la France. Le Roy lui même voulait limiter le nombre de lettrés tant il y avait pénurie de mains d’œuvre à cause de la présence de milliers d’écoliers incapable de faire autre chose que d’étudier. Au vu de la rareté des écrits et l’absence de bibliothèque dans les collèges ou les universités, il fallait près de 20 ans d’étude pour arriver à avoir un diplôme !
Ainsi, l’on voyait le processus d’enseignement de cette manière : « Dans ces écoles, on enseigneroit seulement à lire et à escrire, chifrer et compter, et en mesme temps on obligeroit ceux qui sont d’une naissance basse et inepte pour les sciences à apprandre des mestiers et on excluroit mesme de l’escriture ceux que la Providence a fait naistre d’une condition à labourer la terre, auxquels il ne faudroit aprendre qu’à lire seulement, à moins qu’on remarquast en eux des semences de lumière et d’ouverture pour les sciences pour lesquelles ils méritassent d’estre exceptez de la loy commune. Les écoliers, reconnus « capables de hautes sciences » par les principaux de ces écoles, pourraient passer des écoles aux collèges et aux universités; mais eux seulement. Ainsi, « on contiendroit dans le commerce et les arts mécaniques ceux qui par leur naissance et par la qualité de leur esprit doivent estre exclus de l’estude des lettres, sans néanmoins éloigner ceux que Dieu favoriseroit »
Quand on parcourt les registres des notaires de Monfort, on se rend compte qu’au XVIIe siècle de plus en plus d’habitants savent signer, ce qui veut dire qu’ils ont été au moins à l’école. Mais l’on voit quand même que parmi certaines familles dont les Broqueville, ceux qui ont une ascension sociale en devenant marchand, bourgeois, notables, substitut, consuls savent effectivement signés alors que ceux qui reste, brassier ou laboureur n’en ont pas la possibilité.
Pour rien au monde, les Broqueville n’auraient accepté la disparition de l’école de Monfort tant cette dernière a été bénéfique pour l’ascension sociale de la famille. Fort heureusement, certaines filles ont eu aussi accès à l’école.
Géry de Broqueville
(1) Notaire Ponsin coté 3E8981 aux AD32 (23980-23981)
(2) Mercure François, 1624, t. X, p. 432.
(3) G. Hanotaux p. 461.
par Géry de Broqueville | Sep 10, 2018 | Métier, Monfort

Il faut être attentif pour retenir l’invisible, la patronyme ayant disparu à tout jamais ! Entête du testament de Janotet.
Je le pensais quand j’ai visité de fond en comble les registres du notaire Mazars qui a parcouru presque tout le XVIIe siècle. C’est en quatre jours que j’ai lu une bonne part des pages écrites par ce notaire de sa fine écriture, une fois de plus difficile à lire.
Ce sont donc quelques milliers de pages lues en diagonale. Ce qui m’intéresse chez les notaires sont les testaments, les pactes de mariage, les donations, éventuellement les procurations et quelques autres actes qui pourraient donner des indications généalogiques voire tout simplement ce qu’est devenu, l’un ou l’autre rejeton Broqueville.
Ainsi, j’ai découvert qu’un des fils de Janotet Broqueville a très probablement fait souche à… Bordeaux. Dès lors, il y a un nouveau champ de recherche qui s’ouvre dans les archives de cette ville, ce qui permettrait peut-être de découvrir que les autres Broqueville vivant ailleurs en France sont issus de notre ascendance. Mais ceci, fera l’objet d’un autre article car cela concerne deux actes du notaires Mazars. Pour en revenir au thème de cet article, Janotet n’est pas à ranger parmi les pauvres, alors que grâce à son testament retrouvé chez ce même notaire, on peut voir combien on peut le considérer comme un gros propriétaire terrien.
Pourtant, Mazars écrit quasiment tous les testaments ou les pactes de mariage de tous les habitants qualifiés de laboureurs, de brassiers, de bordiers. On pourrait presque dire que Mazars rédige des actes pour les nobles par exception, pourtant on y retrouve énormément d’actes qui concernent noble Germain Saluste, seigneur de Canet et Combirac, mais aussi ceux qui concernent Marie Saluste du Bartas, fille du poète Guillaume, des seigneurs de Pouchentut, de Sainte-Claire, d’Esparbès, d’Homps…
Ce n’est donc probablement pas la question de la pauvreté qui est en jeu ici. Il s’agirait peut-être de la spécialité du notaire Mazars. Il rédige essentiellement des actes qui sont en rapport avec la gestion de la terre. La majorité des actes sont des achats et des gasailles. Par extension, Mazars rédige les testaments et les pactes de mariage de ceux qui travaillent la terre.
Par opposition, les notaires de la dynastie des Lauzéro, des Sabathier, des Marcassus ou des Ponsin, sont tous notaires ayant une charge notariale royale héréditaire, ce que Mazars n’a pas ! Pourtant, on devrait parler des « notaires Mazars » puisqu’ils officient au moins depuis 1588 jusqu’au début du XVIIIe siècle. Au vu du nombre d’actes réalisés par les Mazars, ils y avait de la assez de places pour les quelques trois voire quatre notaires officiant durant les mêmes périodes. Les Mazars étaient aussi les notaires des autres notaires. C’est ainsi que j’ai retrouvé le pacte de mariage du notaire Pierre Ponsin avec Mathieue Broqueville, fille de Janotet. Ce dernier voulant peut-être se démarquer de ses cousins, utilisait le notaire Mazars pour quelques actes importants comme le testament de sa femme, l’émancipation de son fils Sanson ou son propre testament, etc.
Les Broqueville restent témoins de beaucoup d’actes de gasailles, mais dès qu’ils ne sont que témoins ou présents, je ne les prends plus du tout en compte, j’aurais quelques milliers de documents en plus à photographier, ce qui ne feraient qu’embrouiller l’esprit, d’autant que cela n’apporterait rien à la recherche. Il en va de même lorsque Jean Broqueville intervient en tant que substitut du procureur du roi dans diverses affaires qui ne concernent pas la famille.
Géry de Broqueville